Chronique de l’hosto : Orsay, Dimanche 12 avril 2020

J.O. Tokyo 2020 reportés : Les athlètes ne peuvent pas s'entraîner correctement...

« L’hôpital se fout de la charité. Le libéralisme tue »

Askip, la situation se stabilise… pour ce qui est de l’épidémie. L’hôpital public, lui, est à genoux. Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles et « le manque de protection [est] parfois critique » selon la cellule de crise du Groupe Hospitalier Nord-Essonne. En effet, masques et sur-blouses manquent cruellement, « mesures et solutions palliatives » se mettent en place.

Ça commence par une dotation en masques pour les soignant⋅e⋅s. À son arrivée, l’agent reçoit un kit nominatif et sur certains sites, il faut même émarger. Pour un agent en réa, le kit contient 3 masques chirurgicaux et 2 FFP2. Sur la qualité, il faut pas être regardant : des agents se sont vu remettre des kits périmés depuis 2011.

Une note de Jérôme Salomon, Directeur de la Santé, précise « la conduite à tenir pour l’utilisation des masques FFP2 périmés ». C’est simple. D’abord tu chouffes l’emballage, s’il est toujours en état. Après, tu regardes la couleur, si c’est pas jauni, tu sais. Enfin, tu vérifies la solidité de l’élastique et de la barre au milieu du pif. En fait, le vieillissement des élastiques fait que les masques ne sont pas bien plaqués sur le visage et cela nuit à l’étanchéité. De plus, quand les maques vieillissent, les fibres ne sont plus assez resserrées et ne filtrent plus aussi efficacement. Pas si simple à tester visuellement mais si les autorités disent que c’est bon, zou en réa… avec une sur-blouse à usage unique… stérilisée.

Management du service public oblige, on a recours aux tenues de protection à usage unique et les soignant⋅e⋅s ne portent plus depuis un certain temps de blouses en coton lavables. Mais voilà, c’est la pénurie voire même la panne sèche depuis ce W-E. Alors, pas d’autres choix que de laver ou stériliser des tenues à usage unique. Et puis, on redouble d’inventivité, confection de blouses dans de grands sacs poubelles par exemple. Et on fait appel à la solidarité. Début avril, l’hôpital d’Orsay lance un appel à volontaires pour coudre 1 200 blouses en une semaine. Mais l’hôpital est tellement démuni qu’il ne peut fournir plus de 90 kits de blouses prédécoupées aux bénévoles.

Les gestes de solidarité à l’égard des soignant⋅e⋅s sont généreux et il est certain que ça met du baume au cœur de ceux qui triment. Des assos des Ulis préparent des repas, des boulangers livrent des viennoiseries, des coiffeuses proposent leurs services sur place et gratos, franchement c’est beau, rien à dire. Mais juste un truc qu’il faut pas oublier. C’est pas normal que des gens soient en danger sur leur lieu de travail. La solidarité, ça devra aller plus loin que des gestes personnels et isolés. Après la crise, faudra pas oublier ce qui se passe aujourd’hui, comprendre que la solidarité, c’est un choix politique, au-delà de l’engagement de chacun⋅e à titre personnel. Je conclurai donc par deux phrases lues aujourd’hui sur les grilles d’un jardin public palaisien : « L’hôpital se fout de la charité. Le libéralisme tue ».

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