École Bara à Palaiseau : la municipalité souhaite qu’on la ferme

Bondé Bara !

À Palaiseau, la mobilisation pour la sauvegarde de la maternelle Bara ne date pas d’hier. Le projet de fusion des écoles du centre non plus. Déjà dans les années 1980, des parents d’élèves et des enseignants avaient occupé l’école pendant plus d’un mois, contre la fermeture de classes. Sous la mandature de Jacques Alain (RPR, 1995-2001), un projet de raser cette maternelle pour y construire, entre autres, un parking souterrain, avait également été présenté. La municipalité précédente de François Lamy (PS, 2001-2012), proposait aussi la fusion des écoles du centre, mais ce sera finalement celle de Grégoire de Lasteyrie (LR) qui aura la peau de cette petite école. Suite au vote du Conseil Municipal, un collectif de parents d’élèves s’est formé. Il décide aujourd’hui de saisir la justice.

[Article mis à jour le 20 avril 2017, afin d’y inclure les récentes évolutions du dossier]

Techniquement, c’est quoi le projet ?

Le 12 décembre 2016, la municipalité a voté, à 20 contre 9, la décision de fermer définitivement cette école dans le projet de regrouper ses effectifs avec ceux de Morère et Deloges, en centre-ville. Suite à cette fusion, il ne restera que 2 écoles – au lieu de 4 – réparties sur 3 bâtiments. Les effectifs totaux de 571 élèves passeraient de 4 écoles dans 4 bâtiments et 2 cantines, à 2 écoles dans 3 bâtiments et une cantine. On devrait donc assister à de vraies prouesses logistiques.

Le projet porté par le maire et soutenu par l’Éducation Nationale consiste à fusionner les 2 maternelles et les 2 élémentaires pour fermer la maternelle Bara. (Source : Ville de Palaiseau)
Le projet porté par le maire et soutenu par l’Éducation Nationale consiste à fusionner les 2 maternelles et les 2 élémentaires pour fermer la maternelle Bara. (Source : Ville de Palaiseau)

Réduction, optimisation, fusion… L’école, une entreprise ?

Pour justifier cette fusion, la mairie, appuyée par l’Inspectrice de l’Éducation Nationale, avance plusieurs arguments.

Des motivations municipales…

En premier lieu, la volonté de faire des économies, « en optimisant la gestion des locaux scolaires ». Il y a 22 écoles à Palaiseau, en fermant Bara cela n’en ferait plus que 21, et permettrait de « faire des économies sur la rénovation des écoles ». Pourtant, l’école Bara est déjà l’une des plus rénovées de la ville. Dans le même temps, la municipalité annonce vouloir investir « plus d’un million d’euros » afin d’aménager les autres écoles et les adapter à la fusion. Elle assure aussi qu’elle maintiendra les mêmes moyens en termes d’encadrement péri-scolaire : 4 responsables du péri-scolaire, des animateurs, des ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles), etc. La municipalité n’ayant communiqué aucune donnée chiffrée, où seraient alors faites ces éventuelles économies ? Et à qui profiteraient-elles ?

En second lieu : la fusion favoriserait la mixité sociale. En effet, comme nous le rapporte Thomas*, un parent d’élève : « aujourd’hui la carte scolaire est fichue de sorte que vous avez les zones pavillonnaires qui vont à Deloges, et les zones résidentielles à Morère », ce qui ne favorise donc pas la mixité. Il ajoute qu’il ne comprend pas pourquoi il faudrait fermer une école : « Pour la mixité sociale, il y a justement un outil, c’est la carte scolaire. Plutôt que de faire des frontières qui séparent les pavillons des HLM, il suffit de les faire passer au milieux des deux et voilà c’est mélangé ! En plus ça se modifie, c’est pas si compliqué. Pour ça il y a une réunion par an. » Cela fait bien longtemps que les associations de parents d’élèves réclament une mise à jour de la carte scolaire dans ce but, mais sans succès. De son coté, Fatine*, parent d’élève aussi, nous raconte que ce projet de fusion lui a un temps fait songer à mettre son enfant dans le privé. Dans l’inquiétude de voir leurs enfants dans une école surchargée, il est probable que plusieurs parents qui en ont les moyens financiers y pensent. Ce qui, au bout du compte, n’irait pas dans le sens d’une plus grande mixité sociale.

… et nationales

Jeudi, Natasha perdait son emploi suite à la "fusion" de son entreprise. Lundi, ce sera le tour du petit Théo. (Illustration : Paloisel)
Jeudi, Natasha perdait son emploi suite à la « fusion » de son entreprise. Lundi, ce sera le tour du petit Théo. (Illustration : Paloisel)

Ce projet prévoit de réduire le personnel éducatif. On comptait jusqu’à présent 4 directrices d’écoles pour 4 établissements distincts. La fusion aboutira à 2 écoles pour 2 directrices au total : une directrice pour l’école maternelle et une autre pour l’élémentaire. La directrice de Bara part à la retraite, celle de Deloges serait mutée. Deux postes de directeurs d’écoles seront donc définitivement fermés à Palaiseau. Cela va dans le sens de « la stratégie nationale de fermeture des petites écoles » et « de diminution des interlocuteurs (les directeurs ndlr) », d’autres arguments avancés par la mairie et par l’Inspectrice de l’Éducation Nationale. En fin de compte, selon des sources, la directrice de Deloges resterait en poste, pour une dernière année à Palaiseau.

De nombreuses inquiétudes

Malgré toutes ces incohérences, la mairie persiste à vouloir fermer Bara, ce qui soulève de nombreuses inquiétudes chez les parents d’élèves.

Palaiseau, ville grandissante

La population est en pleine expansion. En 2013 la ville comptait 31 264 habitants et en comptera 38 500 en 2018 selon les estimations. Soit une augmentation de 23,1 % en 5 ans(1). Pourquoi fermer une école quand la population augmente ?

À cette inquiétude, la mairie répond que cet accroissement ne concerne que le quartier du Plateau. Elle l’explique par les récentes constructions de nouveaux ensembles, à Camille Claudel notamment. Or, des constructions sont aussi à prévoir dans le centre et le quartier de l’école maternelle Bara. Ainsi, 33 nouveaux logements sont en train d’être construits sur le site de l’ancien magasin Jardiland. Le 12 décembre dernier, le conseil municipal a aussi délibéré de la vente d’une parcelle à la société SCI Résidences Franco-Suisse pour la construction de 70 nouveaux logements au niveau de la ruelle des Marais, elle aussi sectorisée sur les périmètres des écoles du centre. Des familles avec enfants sont donc susceptibles de venir habiter et ainsi grossir les effectifs des écoles. Pour contredire cet argument avancé par les parents, Mme Graveleau, adjointe au maire chargée des affaires scolaires, répond lors d’un conseil de quartier du centre, qu’en centre ville les loyers sont chers, ce qui favoriserait plutôt les populations âgées et sans enfants à venir s’y installer. Cependant, l’élue ne précise pas que la livraison de nombreux logements neufs provoque une dévaluation du prix de l’immobilier, en particulier sur les vieilles habitations, principalement situées dans le centre-ville historique de Palaiseau. Elle explique que « si une poussée démographique, pour l’heure non prévue, se présente, nous aviserons ». Cela laisse certains parents d’élèves perplexes. « Sur le plateau par exemple, Madame Graveleau nous dit que la commune n’y avait pas du tout prévu autant d’enfants » nous explique Claire*, parent d’élèves du centre. « Ils ont donc été obligés d’ouvrir 3 classes en plus dans la nouvelle école Caroline Aigle… Si ça s’est passé comme ça sur le plateau pourquoi cela ne se passerait pas comme ça en centre ville ? » s’inquiète-t-elle. L’école du plateau se retrouve désormais surchargée alors que les 1 500 nouveaux logements n’ont pas encore tous été attribués. Un autre projet immobilier est prévu dans le centre : 90 nouveaux logements sur le secteur Tronchet, à deux pas de la mairie (nous y reviendrons). Tous ces projets annoncent l’arrivée d’environ 200 nouveaux logements en centre-ville d’ici à 2020. Selon Matthieu Pasquio, élu de l’opposition (PS), en considérant les prévisions de l’INSEE, on estime à 0,17 le nombre d’enfants par nouvelle habitation. Multiplié par 200 logements, 34 enfants seraient alors attendus dans la « nouvelle école du centre ». Or les locaux, tels qu’ils sont prévus avec la fusion, n’offriront aucune possibilité d’agrandissement ni d’extension de l’école, qui serait déjà davantage chargée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si autant d’enfants supplémentaires doivent être accueillis il faudra ouvrir des classes, et les parents d’élèves craignent que ces ouvertures se fassent au détriment des salles ressources (bibliothèque, salle d’arts plastiques, salle numérique).

La cantoche

La cantine aussi inquiète. Déjà chargée, elle devra accueillir environ 90 élèves supplémentaires l’an prochain. Céline Destremaut, parent d’élève et assistante maternelle, affirme que « cela va être très problématique. Aujourd’hui au niveau du bruit c’est déjà n’importe quoi. » La ville prévoit alors des travaux pour améliorer l’acoustique. « Là aussi, c’est à mourir de rire » commente-t-elle. « Ils ont fait des tests acoustiques avec 35 enfants, dans une salle qui n’était même pas complète (82 places disponibles). Ce n’était pas du tout représentatif de ce que sera la cantine avec la fusion. » De plus, la plupart des résultats obtenus en juin dernier ne sont pas en cohérence avec les réglementations. Aussi, la municipalité souhaite étendre la capacité d’accueil de la cantine en y ajoutant de plus grandes tables.

Source : Ville de Palaiseau, avec annotation d'un parent d'élève
Source : Ville de Palaiseau, avec annotation d’un parent d’élève

D’autres doutes portent sur les travaux d’aménagement et d’adaptation nécessaires à la fusion. La municipalité affirme vouloir débloquer plus d’un million d’euros, alors que depuis le début de son mandat, le maire fait part de la situation inquiétante des finances de la ville. Les parents d’élèves s’interrogent : comment débloquer ce million sans empiéter sur la rénovation d’autres écoles, pour lesquelles 3,5 millions sont déjà prévus ? « Attention ! », s’alarment-ils, « tant que ce million n’est pas voté au budget de la ville, il ne peut pas être débloqué et affecté à nos écoles ». Puisque les finances de la ville semblent si inquiétantes, les parents ne comprennent pas que l’on projette de fermer une des écoles les plus rénovée de Palaiseau. Thomas explique : « Les nouvelles fenêtres double-vitrage de la maternelle n’ont qu’un an ou deux ». D’autres écoles, telles que Deloges, n’en disposent toujours pas. Le toit de l’école élémentaire Morère, quant à lui, fuit depuis des années. Bara figure parmi les rares écoles qui ont le plus bénéficié de travaux ces dernières années. « Le centre de loisirs de l’école a lui aussi été rénové, des cloisons abattues… En tout cas Bara est nickel pour accueillir des enfants, en plus c’est une des rares écoles qui a des accès handicapés. »

Accessibilité, une école pour tous ?

En effet, les 3 bâtiments des écoles Deloges et Morère ne répondent pas aux exigences des normes d’accessibilité aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR). Certains bâtiments n’ont même pas de rampe, il n’y a aucun ascenseur et dans les travaux prévus aucune classe des élémentaires ne se trouvera au rez-de-chaussée. La législation du handicap défend en priorité le droit à une scolarisation en milieu ordinaire. Pour répondre à cela, la municipalité informe qu’il suffit d’une seule école accessible par secteur. Alors laquelle ? L’école maternelle Bara est la seule des 4 écoles du centre-ville qui est adaptée. Sur son site internet, la mairie s’engage à « informer la population des possibilités d’accueil (au sujet du handicap) ». Contactés à ce sujet, le service éducation ainsi que les écoles du centre n’ont pas été en mesure de nous donner plus d’informations ni de réponses catégoriques quant à l’accessibilité des écoles de Palaiseau pour les personnes à mobilité réduite.

Rupture des cycles et lien social

Telle qu’elle est annoncée, la fusion provoquerait aussi une rupture des cycles préconisés par l’Éducation Nationale. Selon un décret de la loi Peillon (2013), les enseignements doivent être conçus par cycles de 3 ans :

  • Cycle 1 : la maternelle avec les classes de petites, moyennes et grandes sections
  • Cycle 2 : le CP, CE1 et CE2.
  • Cycle 3 : le CM1, CM2 et la 6ème.

Il est étonnant de constater qu’à Palaiseau, Mme Zelmati, inspectrice de l’Éducation Nationale, aille contre les directives gouvernementales. La restructuration proposée va à l’encontre du dispositif d’enseignement par cycles et prévoit ainsi de les rompre en les répartissant dans des bâtiments différents. Les élèves de CE2 ne seraient plus dans les mêmes murs que ceux de CP et de CE1, ce sont les élèves de grandes sections de maternelles qui se retrouveraient désormais isolés avec eux, mais plus avec les petites et moyennes sections. Les parents d’élèves s’interrogent : « Si les enfants de maternelle ne sont plus réunis dans le même bâtiment, comment peut-on envisager des travaux en commun et des périodes de décloisonnement favorisant le vivre ensemble ? » Pour toute réponse, Mme Graveleau explique que « les enfants n’ont pas les mêmes représentations que les adultes, et qu’ils ont de grandes capacités d’adaptation. » Mais avec cette dispersion, instituteurs et enfants seront moins amenés à se connaître durant le parcours scolaire des enfants. « Ce qui est possible dans une petite structure ne l’est pas forcément dans une grande. Dans une petite structure tout le monde se connaît, tout le monde s’entraide » expliquent les associations de parents d’élèves, « On ne fait pas du social dans une grande structure ! » En conseil d’école, Mr Ferret, Délégué Départemental de l’Éducation Nationale, souligne lui aussi qu’il existe « un vrai problème de communication entre les classes quand elles ne sont pas dans les mêmes bâtiments ».

Campagne d'affichage des parents d'élèves contre la fermeture de Bara
Campagne d’affichage des parents d’élèves contre la fermeture de Bara

Pour les parents d’élèves, ces inquiétudes ne se sont pas dissipées. Mme Graveleau avait affirmé en conseil de quartier, que « le maire avait déjà pris sa décision et qu’il ne reviendrait pas dessus », et cela même avant de la soumettre au vote du conseil municipal. Pourtant, depuis le mois de mai, toutes ces préoccupations avaient été exprimées durant des réunions de concertation organisées par la mairie, censées rassurer sur le projet.

Retour sur une concertation à sens unique

Peu après l’annonce du projet de fermeture de l’école Bara, la mairie invite les parents d’élèves à une série de trois réunions de concertation. La première a lieu le 24 mai 2016, à seulement un mois des grandes vacances scolaires, empêchant toute mobilisation… Participaient à cette réunion : des cadres municipaux, les représentants des associations de parents d’élèves, les directeurs d’écoles et l’Inspectrice de l’Éducation Nationale. Les autres réunions suivirent, les 30 juin et 29 septembre.

Compte tenu des nombreuses inquiétudes et réticences des parents d’élèves, la décision de fusionner les écoles paraît pour le moins hâtive. D’autant plus que la municipalité rappelle que beaucoup de choses sont encore à construire, une fois la décision votée en conseil municipal.

Dans ce contexte précipité, Fatine*, mère d’un élève de l’école Bara, nous explique que les associations de parents d’élèves ont eu du mal à faire entendre leurs voix à la mairie : « c’est très difficile de tenir sur la durée, de s’organiser quand t’es pas militant, quand la lutte c’est pas ton truc. » Effectivement, pour les bénévoles que sont les parents d’élèves, faire valoir leurs inquiétudes face à toute une équipe municipale structurée n’est pas vécu comme une situation équitable : « On se bat à armes inégales face à une municipalité qui est très communicante, et qui fait de la communication de désinformation. Le maire nous a envoyé ce tract (ci-dessous). Reçu par la poste, par courrier adressé aux prénoms et noms de nos enfants… Il n’y a rien de concret dedans. Aucune réponse à des interrogations très concrètes que l’on se pose. »

Le tract transmis par la mairie aux parents d’élèves des écoles concernées, tel qu’il nous a été donné et annoté par Fatine* (cliquez pour agrandir).

Pour faire entendre leur désaccord, les parents d’élèves ont lancé une pétition qui a recueilli plus de 1 700 signatures contre la fermeture de l’école Bara. Celle-ci n’aura absolument pas fait sourciller le maire. Bien au contraire, puisqu’il a alors de nouveau affirmé que sa décision était déjà prise.

En octobre et novembre, suite aux trois réunions de concertation, les 4 conseils d’école – composés de représentants des parents d’élèves, des enseignants, de la directrice d’école, d’un représentant de la mairie et d’un conseiller de l’Éducation Nationale – se sont réunis. Soumis au vote, ils ont alors tous émis un avis défavorable à la fermeture de l’école Bara. La majorité d’entre eux a aussi rendu un avis défavorable à la fusion des écoles.

Les parents d’élèves ont alors organisés et appelés à plusieurs mobilisations contre la fermeture de l’école Bara : le 15 octobre à l’inauguration de la MJC, le 10 Décembre au marché de Noël et le 7 Janvier aux vœux du maire à la population.

Ayant constaté que la délibération contenait des erreurs d’appréciation, des erreurs de droit, et ne semblait pas respecter la procédure en vigueur, des parents d’élèves ont décidé de saisir le tribunal administratif.

Quelle semble être la réelle motivation de cette fusion ?

Loupe

Des arguments officiels peu convaincants, de nombreuses inquiétudes irrésolues… la fermeture de l’école maternelle Bara soulève de nombreuses interrogations. Il semble que d’autres raisons motivent cette décision précipitée.

Au cours de cette enquête, beaucoup de personnes rencontrées ont fait part de leurs suspicions quant à d’éventuels projets immobiliers qui prendraient la place de l’école Bara. En y regardant de plus près, ces bruits de couloirs ne semblent pas infondés. Mais l’affaire semble plus complexe.

Yves Langry est bénévole au Secours Populaire. Cette association est implantée à Palaiseau depuis 36 ans, dans le secteur de l’îlot Tronchet, situé derrière la mairie. Il nous raconte l’échange qu’il a eu avec le maire lors de la Fête des Associations du 3 septembre 2016 : « Je lui ai dit qu’il y avait des bruits qui courraient, comme quoi le Secours Populaire et le Secours Catholique seraient impactés par rapport à un éventuel projet immobilier. À cela le maire me répond que oui, il a « effectivement en projet, avec un promoteur, la transformation de ce quartier » et que nos locaux seraient donc supprimés, ainsi que le foyer des anciens, le restaurant communal et le pâté de maisons derrière la mairie. »

Selon Mr Langry, ces bruits ne datent pas d’hier : « Ce projet immobilier, qui semble s’avérer, est un long serpent de mer. Il y avait déjà dans la municipalité précédente un projet similaire. L’îlot Tronchet devait également sauter pour refondre complètement les services municipaux, le Secours Catholique, le Secours Populaire et le foyer des anciens, afin d’en faire quelque chose de plus fonctionnel. »

En effet, on pouvait déjà lire page 52 du diagnostic du PLU d’avril 2016(2), que : « Le secteur îlot Tronchet, situé à proximité de l’Hôtel de Ville, fait l’objet de nombreuses réflexions depuis plusieurs années. Un projet comprenant du logement, des équipements et du stationnement devrait être réalisé à court terme. »

Le maire aurait ensuite ajouté « mais ne vous inquiétez pas, pour vos activités on va toujours trouver une solution, rien n’est décidé. Il me semble qu’on devrait vous donner l’équivalent dans l’école Bara », tel que le déclarait Mme Graveleau, au Conseil d’École du 3 juin à Deloges(3) : « La fermeture de l’école est motivée par des raisons « matérielles et économiques ».  Le projet de loger temporairement des associations dans les locaux [y figure également]. »

« Pour le projet immobilier (rue Tronchet, ndlr) il y a en commun avec la municipalité un promoteur » lui explique le maire pour finir, « ce promoteur se chargera de faire des appartements, en contrepartie je lui demanderai de faire une Maison des Associations. » Depuis ces échanges, une maison des associations à été inaugurée à Palaiseau en octobre, mais dans un autre secteur, rue du Mont.

Ces informations officieuses commençant à circuler, Madame Graveleau fut donc questionnée en Conseil de Quartier du Centre par un parent d’élève : « Madame, qu’est-ce que c’est que cette histoire de projet immobilier rue Tronchet qui nécessite que l’on ferme une école ? ». L’adjointe chargée des affaires scolaires aurait répondu « ce projet n’est pas assez mûr, on ne peut pas vous en parler pour l’instant ». Plus tard, en Conseil d’École(3), elle précisera : « concernant l’îlot Tronchet derrière la mairie (il y aura) une opération immobilière de 90 logements. Les enfants y habitant iront sur l’école Ferry-Vaillant, où la mairie a déjà pour projet de mettre en place un bâtiment préfabriqué de trois classes ».

Nous avions révélés toutes ces informations dans un article publié sur notre site web quelques jours avant le Conseil Municipal décisif du 12 décembre 2016. Depuis le maire est enfin sorti du bois. Il a annoncé, lors de ses vœux à la population du 7 Janvier 2017, qu’un projet urbain comprenant un parking souterrain public situé rue Tronchet, allait bien être proposé cette année.

Donc… ?

Grâce à la fusion qu’elle souhaite opérer, la mairie récupérera dès la rentrée 2017/2018 le terrain et les locaux de l’école Bara. Que va-t-il advenir de cette petite école ? Une source proche du dossier nous confie que dans un premier temps il s’agira d’y loger quelques bureaux des services technique de la ville, le temps que s’accomplissent des travaux dans leurs locaux actuels, rue Gutenberg. Cet informateur nous explique que dans un second temps, conformément à ce qu’Yves Langry nous rapportait, la mairie prévoit bien de transférer dans les locaux de Bara les associations et le foyer des anciens, situé à l’îlot Tronchet. Elle pourra ainsi libérer ces lieux au profit d’un promoteur immobilier pour y construire des logements. En contrepartie, ce dernier devra y construire un parking souterrain public. Et il vaudrait mieux pour le maire que tout cela s’opère avant la fin de son mandat, comme promis lors de sa campagne. À l’époque son équipe annonçait même deux parkings(4). Est-ce pour cela que la décision de fermer l’école Bara semble aussi inévitable et précipitée ? On a pour l’instant du mal à discerner les vertus pédagogiques d’un tel projet.

En passant ce projet en force, Mr de Lasteyrie – car c’est bien à lui qu’appartient le pouvoir de fermer l’école – ne répond pas aux préoccupations des parents d’élèves : offrir des conditions d’accueil de qualité pour tous les enfants, favoriser le vivre ensemble et les écoles à taille humaine. Le maire de Palaiseau met en œuvre sa vision de l’éducation : supprimer des postes de fonctionnaires, créer des écoles-usines, rendre l’accès au soutien scolaire payant, et donc encourager la privatisation de l’éducation.

Une opacité à toute épreuve

Comme vous l’avez sans doute remarqué, cet article donne principalement la parole aux parents d’élèves et aux communiqués/rapports officiels de la municipalité. Nous le regrettons.

LOLContactés à plusieurs reprises, ni Mme Graveleau, ni Monsieur le maire n’ont souhaité nous répondre. Nous avons également contacté Mme Batista, la directrice de l’école Bara, qui n’a pas non plus souhaité nous parler, à moins que nous n’obtenions l’accord de l’Inspectrice de l’Éducation Nationale, Mme Zelmati. Nous avons tenté de la joindre quotidiennement pendant 2 semaines, jusqu’à ce qu’enfin elle nous réponde, pour nous renvoyer elle aussi vers son supérieur hiérarchique, Mr Lionel Tarlet, le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale de l’Essonne. Nous n’avons pas pu l’avoir directement, cependant sa secrétaire a affirmé que concernant la fusion de l’école, le service n’avait pas d’information, et que nous ferions mieux de contacter ses chefs de cabinet (dont elle ne voulut pas communiquer les noms), ou bien la mairie. Sans réponse des chefs de cabinet anonymes, nous nous retrouvions au point de départ : à la case mairie ! En somme, une bien belle balade téléphonique.

Mike Strach & Raphaël Godechot

(1) Le diagnostic socio-économique du Plan Local d’Urbanisme d’avril 2016 le démontre page 99 [http://www.plu-palaiseau.fr/assets/diagnostic.pdf]

(2) Le diagnostic foncier du Plan Local d’Urbanisme d’avril 2016 le démontre page 52 [http://www.plu-palaiseau.fr/assets/diagnostic.pdf]

(3) Les Conseils d’École sont à la disposition des parents d’élèves qui en font la demande auprès de l’école

(4) Programme électoral du groupe « Palaiseau À Venir », mars 2014, page 28 [http://palaiseauavenir.org/wp-content/uploads/2014/03/ProgrammePAV.pdf]

* Certains prénoms ont été changés

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