Une trentaine d’agents de la Nationale et de la BAC s’y était déjà agglutinée, sérieusement armée, pour contrôler et fouiller l’établissement. Il y avait même des cagoulés. Si jamais ça partait en vrille, huit agents et deux bagnoles de la mumu(1) veillaient. Pour la sécurité des Palaisiens.
Quand on leur a demandé ce qu’il se passait, il nous ont dit de changer de trottoir, pour la sécurité des Palaisiens. On n’arrive pas à savoir s’ils sont arrivés en même temps que les autres. Askip, le maire « n’était pas au courant » de cette descente. Des Palaisiens se sont donc demandé ce que la mumu foutait là puisque le premier flic de Palaiseau, lui-même, n’en savait fichtrement rien. Le commissaire Vallence n’en savait pas plus. Selon lui, les agents de la mumu ont peut-être aperçu les collègues au Sham par le biais de la vidéo-surveillance. La mumu aurait donc rejoint la Nationale et la BAC, pour la sécurité des Palaisiens.
La mumu ne nous a parlé d’aucune vidéosurveillance qui l’aurait conduite au Sham’. Elle a dit qu’elle « passait là par hasard ». Elle nous a aussi prié de contacter le maire-adjoint à la sécurité, Jean-Pierre Madika. Lui non plus n’était pas au courant de grand-chose. « Voyez-vous, dit-il au téléphone, quand c’est arrivé, j’étais au Tennis-Club »(2). L’élu à la sécurité nous rassure : quoi qu’il en soit, pour la sécurité des Palaisiens, il demande toujours à la mumu de faire un petit tour au Sham’ dans la soirée. Dès qu’il y a de l’ambiance, la mumu s’amumuse.
Sauf que le vendredi soir, les agents de la mumu finissent le boulot à 22h. Or le dérapage a commencé aux alentours de 21h50 et s’est terminé vers 23h30. À l’issue de cette palpitante intervention : aucun trafic. Aucune arme et aucune drogue. Ou juste quelques joints, fidèles aux traditions modernes de la Vallée de Chevreuse. C’est un peu le foutoir cette histoire, mais Zopal peut dormir peinard. La mumu fait aussi des heures sup’, pour la sécurité des Palaisiens.
Madika Vouzêtki ?
Quand on a appelé Jean-Pierre Madika, maire adjoint à la sécu, pour en savoir plus sur la descente au Sham, nous avons été fort surpris de la facilité déconcertante avec laquelle il nous a répondu. Jean-Pierre ne pesait plus ses mots(3).
Nous avons été d’autant plus surpris de recevoir une demi-heure plus tard un SMS un brin menaçant : « Vous m’avez sollicité ce matin, en temps que journaliste du Parisien […] Il va de soi que les propos que j’ai tenus sont ceux d’un adjoint à la sécurité à destination du journal Le Parisien. Ils ne peuvent donc être utilisés dans un autre cadre. Si tel était le cas, je me réserverais le droit d’engager des poursuites judiciaires à votre encontre pour usurpation d’identité. Comptant sur votre compréhension et votre honnêteté ». Le problème, c’est qu’on a les enregistrements de notre passionnante conversation. Au début, nous nous sommes explicitement nommés et présentés comme journalistes du Petit ZPL. Il a entendu « Le Parisien ». Madika n’a pas eu le tympan vigilant.
Le Petit ZPL
(1) « Police Municipale » en plus gentil.
(2) Voir notre vidéo-reportage « Grosse descente au Sham’ »
(3) Lire « Jean-Pierre m’a dit quoi ? », Le Petit ZPL #7, p.2