Les Centres de Rétention Administrative(1) sont les lieux où l’on place de force des étranger·ères en attente d’être expulsé·e·s. La personne peut y rester jusqu’à 45 jours, temps imparti à l’administration pour juger le cas particulier de celle-ci, clôturer ses comptes en banque, téléphoniques, résilier le bail, contacter l’ambassade, trouver un avion, etc. Ainsi les CRA n’ont pas pour buts officiels de démanteler les lieux de passage des migrants, de punir ou d’être une menace.
L’Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau(2), une association qui veille à la défense et au respect des droits des personnes retenu·e·s, a pu remarquer courant octobre que le CRA de Palaiseau était de plus en plus vide. Des interrogations sont nées : pourquoi vider le CRA ? Pour mieux le remplir ? Est-ce un hasard que cela coïncide avec le démantèlement de Calais ? La Cimade, une organisation qui défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes, a publié un communiqué(3) qui partage ces soupçons : « Les centres de rétention administrative ne doivent pas servir à vider Calais ».
Malgré cet appel de la Cimade, quelques jours plus tard, des membres de l’Observatoire ont visité des retenus venant de Calais, notamment un homme érythréen, alors que le communiqué de la Cimade stipule : « Le gouvernement annonce que certaines nationalités, les plus exposées à des risques graves en cas d’expulsion, comme les Érythréens, les Syriens, ne seront pas enfermées dans les CRA. » Et ce n’est pas la première fois : il y a un an, des membres de l’Observatoire ont rencontré deux personnes afghanes venant de Calais enfermées au CRA, qui pensaient être en prison et ne connaissaient pas les modalités de leur enfermement (elles ne savaient pas qu’elles ne pouvaient pas rester plus de 45 jours enfermées).
Les CRA ont donc été détournés de leur fonction première et officielle : on enferme des personnes parfaitement inexpulsables car venant de pays en guerre, mais cela permet de les libérer dans les quatre coins de la France et surtout loin de Calais.
De plus, ce système de transit permet d’enfermer une même personne à plusieurs reprises : une fois sorti·e du CRA sans avoir été expulsé·e (l’administration n’a pas pu tout régler dans le délai imparti pour X raisons), on peut y retourner au bout de 7 jours, et comme ça pendant longtemps.
M.E. / Illu : ShlagLab