#3 – Agent Technique à la Mairie de ZPL

Témoignage d’un ancien Agent Technique à la mairie de Palaiseau qui souhaite rester anonyme. L’équipe du Petit ZPL lui a ouvert ses colonnes, ses propos relatent les pressions de ses employeurs.


C’était en avril de cette année. Un jour de travail, à 9 heures du mat’, tous les agents communaux sont conviés à se réunir au Caveau Jazz à l’invitation du maire pour partager un moment de dialogue. Après un discours d’une vingtaine de minutes, Grégoire de Lasteyrie nous invite à lui poser des questions sur notre travail au sein de la ville.

Une élue syndicale se lève et commence à lui poser des questions. Des réponses suivent. Puis plus rien. Le maire se languit, nous nargue en nous incitant à parler. « Il n’y a pas que nos élus syndicaux qui ont le droit à la parole. Il ne faut pas avoir peur ». On peut lui parler de Palaiseau s’il n’y a aucun problème avec le travail. Les langues se délient alors un peu, deux autres personnes posent des questions. Je me dis que je pourrais alors lui demander une réponse à la lettre que je lui ai écrite un mois avant cette réunion sur la mauvaise circulation automobile de l’Avenue Stalingrad. Un problème que tous les automobilistes palaisiens connaissent aux heures de pointe quand ils vont et reviennent de leur travail. Il me répond qu’étant une départementale, il ne pouvait pas faire grand chose. Seul le département avait les prérogatives pour. Je comprends donc que le problème ne sera pas réglé de sitôt et qu’il va falloir que j’adresse un courrier au département pour leur soumettre mes idées.

La réunion continue puis se termine peu de temps après. Un buffet de viennoiseries nous attend à la sortie pour clôturer ce moment. J’y croise beaucoup de monde que je connais. J’en profite pour interpeller le directeur des Services Techniques de Palaiseau sur les propositions de ma lettre pour régler ce problème de circulation. Il me dit qu’ils y réfléchissent et que j’aurai une réponse. Satisfait, je quitte la réunion et repars avec mes collègues pour faire ma journée. Le lendemain, le directeur du Centre Technique me convoque dans son bureau. S’en suit un entretien où il me demande : « pourquoi avez-vous posé cette question sur la circulation de Palaiseau ? ». Il m’explique que je devais d’abord lui « poser la question avant » et surtout, que je ne devais « pas envoyer des lettres au maire directement ». Bref, « qu’il avait autre chose à faire ».

Il conclut sur ces paroles : « maintenant que vous êtes agent municipal, vous ne pouvez pas vous permettre de poser ce genre de question ». Je lui répondis alors : « j’ai envoyé cette lettre en tant que citoyen de Palaiseau, cela n’a rien à voir avec mon travail ». Mais sa hiérarchie n’était pas contente, et le lui avait fait savoir. Je finis par le rassurer en lui disant que j’essaierai de faire ce qu’il me dit. Je ressors de cet entretien choqué et halluciné par ce que je viens d’entendre. À l’intérieur de moi je me dis qu’ils sont fous et que leur mépris est à la hauteur de leur égo.

Anonyme

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