Lycée Camille Claudel Palaiseau – Contre la fermeture d’une classe de Seconde, les élèves se mobilisent

Mobilisation Lycée Camille Claudel - 06/02/2024
Ce 6 février, dès 7 h, poubelles et barrières sont installées devant les deux entrées du lycée Camille Claudel à Palaiseau condamnant l’accès à l’établissement. Lycéennes et lycéens, soutenus par l’équipe enseignante, se rassemblent pour dénoncer « des coupes budgétaires sur Camille Claudel seulement ». La situation est toute différente au Lycée International de Palaiseau Paris-Saclay (LIPPS) situé à proximité où les « moyens ne cessent d’augmenter ». Les cours seront annulés ce jeudi et le blocage reconduit demain, vendredi 7 février.

On se souvient qu’en 2022, une mobilisation avait déjà eu lieu contre la suppression de deux classes et de deux postes de professeurs. Les enseignantes craignaient des classes avec plus de 35 élèves, la perte de spécialités et d’heures d’aide aux devoirs (voir notre reportage : Blocus lycée Camille Claudel du 21 janvier 2022).

Suite à ce mouvement (nuit au lycée, blocus et manifestation dans Palaiseau), la rectrice d’alors, Mme Charline Avenel avait fait plusieurs promesses nous raconte une professeur d’anglais : « on nous a promis le maintien de 6 classes par niveau, avec une priorité donnée à Camille Claudel dans l’hypothèse d’ouverture de nouvelles classes. »

35 h, c’est un quota horaire, pas un nombre d’élèves par classe

Aujourd’hui, le projet est d’ouvrir une Seconde et fermer une Terminale. Les lycéen⋅nes s’y opposent fermement : « déjà qu’actuellement, les classes de spécialités sont saturées, on est 34 en maths, 32 en SES, donc imaginez avec une classe en moins ce que ce sera à la rentrée prochaine ! » nous raconte Emma, déléguée de classe. Et ce n’est pas tout « on s’inquiète d’autres conséquences comme l’impossibilité de maintenir l’effectif des cours de langues à 24, comme le préconise le code de l’éducation, idem pour les demi-groupes de classe en Seconde et Première. Ça concerne aussi la perte d’heures d’aide aux devoirs, de la prépa Sciences Po ». À titre de comparaison, en Terminale, au LIPPS on compte 31 à 32 élèves et à Vilgénis (Massy) pas plus de 27. Une professeure précise : « on nous ferme une Terminale à deux élèves près, cela aurait pu être évité de manière assez simple, c’est un choix politique du rectorat. En même temps on nous ouvre une seule Seconde alors qu’on était en capacité d’en accueillir une deuxième. Mais non, là encore le rectorat choisit de l’octroyer au LIPPS et pourtant ils manquent déjà de salles là-bas. »

Mobilisation Lycée Camille Claudel – 06/02/2024

Le LIPPS n’a pas besoin, Camille Claudel si

Élèves et professeurs dénoncent également la politique générale du rectorat qui continue à privilégier le LIPPS. Ethan, délégué de classe, s’indigne : « on leur rajoute une Seconde et leur budget est en hausse alors que c’est un lycée élitiste où on rentre sur dossier. En fait le rectorat donne plus de moyens à des gens qui ont déjà les moyens. Que vont devenir les élèves moins bons ? Actuellement, Camille Claudel permet d’intégrer tout le monde et d’étudier dans de bonnes conditions. »

Sciences Po, c’est pas que pour les boubourges

Globalement, élèves et profs expriment leur sentiment que le Lycée International est largement priorisé par le rectorat. Conçu pour accueillir 12 classes de seconde, cet établissement en partenariat public-privé doit satisfaire à certaines obligations et justifier de la dépense d’argent public qu’a coûté sa construction (voir Le Petit ZPL #12) en aspirant les projets, profs et moyens. « Ils nous ont piqué le concept de prépa Sciences Po à caractère social, réservé aux élèves boursiers » regrette une professeure, « cela met en danger notre propre prépa ».

Dernière promesse de 2022 non tenue : plus de stabilité de l’équipe de direction. Et pourtant « c’est le turn-over permanent » lâche une prof. Ainsi, l’actuel proviseur n’est pas titulaire de son poste, il sera certainement ailleurs l’an prochain. Idem pour l’adjointe qui est une CPE (Conseillère Principale d’Éducation) qui fait fonction de.

Interrogé sur le mouvement en cours, le proviseur en poste semble bien éloigné des préoccupations pédagogiques de ses équipes. Il nous répond laconique « ça ne dépend pas de moi, je n’en pense rien en tant que proviseur, ce n’est pas mon rôle. » On lui demande alors la raison de sa présence parmi les élèves : « la sécurité, la sécurité, la sécurité ». Il est épaulé dans cette mission par une bonne dizaine de policiers dont certains venus en renfort des Ulis. On comprendra que pour le provo sécurité signifie veiller à ce que les élèves ne dégradent pas et que tout rentre dans l’ordre rapidos. D’ailleurs, il propose gentiment aux élèves d’aller se réchauffer à l’intérieur, personne ne tombe dans le piège une élève crie dans le mégaphone « personne ne rentre à 10 heures ».

Les élèves vous donnent RDV demain pour la suite de la mobilisation.

Mobilisation Lycée Camille Claudel - 06/02/2024
Mobilisation Lycée Camille Claudel – 06/02/2024

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