Guerre aux pauvres à Palaiseau

Par grand froid et au pic de la crise sanitaire, un bidonville expulsé en 48h à Palaiseau
Communiqué de l’association Intermèdes-Robinson du 15/01/22

Association Intermèdes Robinson

Mercredi 12 janvier, le bidonville situé rue des Marnières, à Palaiseau, a été détruit. Le dimanche précédent, le maire (LR) de Palaiseau avait pris un arrêté municipal de mise en péril imminent. Le jour de l’évacuation, dans la presse, il justifiait cette décision soudaine par « une succession de branchements électriques sauvages et dangereux » et par les demandes pressantes des riverains. (1)

Ce bidonville, construit à la fin de l’été 2021 par des familles déjà expulsées d’un autre bidonville situé à Massy, ne présentait pourtant pas de risque spécifique dû à son emplacement. Des systèmes électriques de fortune se trouvent dans tous les bidonvilles ; et c’est un droit pour les occupants sans titre de demander un raccordement électrique à une commune. Autrement dit, certains risques existent parce que les autorités refusent de remplir les obligations qui sont les leurs (sécurisation incendie, raccordement à l’eau potable, ramassage des ordures ménagères…). Cette expulsion est d’autant plus brutale qu’elle s’est déroulée sans procédure devant le tribunal, sans diagnostic social préalable, au cœur d’une pandémie de covid-19 qui n’a jamais fait autant de victimes en France, et par une vague de grand froid (dans les nuits qui ont suivi l’expulsion, les températures sont descendues en-dessous de 0°). Le maire de Palaiseau a même soutenu dans la presse que la trêve hivernale ne s’applique pour les occupants illicites d’un terrain privé. Pourtant, la
trêve hivernale s’applique aux bidonvilles depuis 2017. (2)

Au matin du 12 janvier, la police est venue vers 8h annoncer aux habitants qu’il leur restait seulement 2h avant que le bidonville soit détruit. Zinora, 18 ans, dormait lorsque la police est arrivée : « Ils ont dit de partir car le bidonville allait être cassé : avec ma famille on a fait les bagages et on est parti chez ma sœur, qui vit dans un squat, où nous n’avons pas beaucoup de place. C’était une seule valise par personne, on a laissé beaucoup de choses derrière… La police ne m’a rien donné, ni papier, ni explication. Je ne sais pas où sont partis tous les autres. » « Il y avait une vingtaine d’autres cabanes, avec des enfants dans chaque cabane. On ne nous a pas proposé d’hôtel… C’est ça, la vie des Roumains dans la France ! » ajoute sa grande sœur, Miruna.

Nous avons également appris qu’un autre bidonville situé à Palaiseau, rue des Alliés, avait reçu en décembre une ordonnance de référé et commandement de quitter les lieux.

(1) Propos recueillis par Le Parisien.
https://www.leparisien.fr/essonne-91/palaiseau-face-au-risque-dincendie-et-aux-inquietudes-des-voisins-le-maire-fait-evacuer-un-bidonville-rom-12-01-2022-AXJVCPOHEBEZDATM5FKUG2MFTY.php

(2) Idem.

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