À l’origine, ce lieu était une école primaire, la plus vieille de la ville. Fermé en 2007, l’endroit a été officiellement réhabilité en tant que « lieu de vie culturel » en 2011, à l’initiative de François Lamy (PS). Des artistes, des associations et divers curieux y ont trouvé un espace afin de poursuivre leur volonté de créer et de partager : chantiers participatifs, ateliers créatifs, activités sportives organisées dans la cour, concerts, spectacles, vernissages… l’identité du Ferry s’est construite par ses usagers. Aujourd’hui, seules quelques résidences d’artistes sont autorisées, jusqu’à fin juin seulement.
Vive la culture !
Élu en 2014, Grégoire de Lasteyrie, le nouveau maire de Palaiseau (LR), a montré une obstination sans borne afin de rendre le lieu infréquentable. Le processus de dénigrement du lieu commença. Tout et n’importe quoi fut entendu sur Le Ferry : camp de roms, cellule djihadiste, bidonville, squat… Depuis fin 2014, les actions du maire à l’encontre du Ferry ont été nombreuses. Après avoir demandé l’expertise d’une commission de sécurité, le maire décide de fermer Le Ferry (la sécurité de la cour n’a pas été remise en question) puisque le lieu datant de 1930 n’est pas aux normes requises. Cependant, le conservatoire et l’Accueil Jeunes sont eux aussi situés dans les mêmes locaux. Ils ont également été soumis à l’avis défavorable de la commission. Pourtant, ils restent ouverts. À titre comparatif, l’École Polytechnique de Palaiseau ne répond pas non plus à toutes les normes de sécurité. Cela n’a pas entraîné sa fermeture pour autant.
En vous remerciant…
Mais la décision n’est pas sans conséquence : les Palaisiens s’en émeuvent et très vite, des soutiens se manifestent. Le Maire désamorce une potentielle mobilisation en co-signant un texte avec les usagers du Ferry : désormais, « Le Ferry se construit ! » Officiellement, l’endroit sera mis aux normes, il ne ferme plus. Dans un communiqué, il est même précisé que « les employés communaux affectés au Ferry y resteront affectés ». Pourtant, 5 jours après ce communiqué, Lilian, l’un des trois employés et régisseur du lieu, en vacation pour la ville depuis 5 ans, est remercié, officiellement pour des raisons budgétaires. Et ce n’est pas fini. Le 5 Octobre 2015, 5 jours avant la tenue d’une manifestation de soutien pour Le Ferry rassemblant plus de 300 personnes devant la mairie, la cour du lieu est vidée de tout son mobilier et œuvres en palettes, sous prétexte qu’une rigole pour passer l’électricité y sera creusée. Celle-ci fait 50 cm de large sur 30 cm de profondeur. La cour, elle, ne mesure pas loin de 800 m2. Les usagers du Ferry questionnent donc l’utilité de cette intervention… Sous bonne escorte de la police municipale, le mobilier en palettes est détruit, puis chargé dans une benne, direction la déchetterie, même si dans Le Parisien, le maire M. de Lasteyrie affirme le contraire : « Ils ont été stockés au centre technique de la ville ». Il ajoute en parlant du Ferry et de ses usagers : « Je fais face à un groupuscule qui veut que je lui laisse les clés pour y faire ce qu’il veut ». Le « groupuscule » en question, ce sont les usagers du Ferry, principalement des artistes et des associations, les mêmes qui furent sollicités depuis sa création pour animer le lieu… Le 8 Octobre 2015, la cour se voit affublée d’une énorme tranchée : 18 mètres de long pour 1,50 de large et 70 cm de profondeur, au beau milieu de la cour, sans vraie raison, simplement pour rendre le lieu inutilisable y compris pour les usagers de l’Accueil Jeunes et du conservatoire.
Et maintenant ?
Au bout de 6 mois, des sympathisants ont pris sur eux de reboucher la tranchée. En attendant la prochaine action du maire, Le Ferry continue d’exister, obstacle après obstacle.
Affaire à suivre… (1/?)