Pourtant, certains aspects du projet sont contestés, en particulier la construction de l’Établissement d’Accueil Médicalisé (EAM). Pour y voir plus clair, rendez-vous avec Olivier Tribondeau, membre de la liste « Partageons Demain » et élu de l’opposition à Villebon. La première chose qu’il explique, c’est : « On est tous d’accord pour soutenir ce projet, mais pas sur cet emplacement-là ! »(2)
Retour aux sources
Initialement, OVE avait acheté un terrain en bordure de Villebon pour construire l’EAM. Ce terrain, proche du carrefour qui mène à Auchan d’un côté et au grand dôme de l’autre, s’est finalement avéré être trop éloigné du centre-ville. Pour des personnes à mobilité réduite, y’a mieux !
Un transfert de propriété a alors été organisé avec la mairie qui a choisi un terrain derrière la MJC pour effectuer l’échange. C’est justement le choix de la mairie de ce terrain qui suscite une opposition.
Où est le problème ?
Le terrain derrière la MJC est une zone humide. Construire dessus revient à la détruire. C’est un problème écologique car les zones humides ont de multiples bienfaits(3). Elles sont très riches en biodiversité. La survie de certains animaux et végétaux en dépend. Pour la petite info, sur le terrain concerné, on retrouve le saule cendré (aka Salix Cinerea), qui figure sur la liste officielle des plantes indicatrices de zones humides(4). Elles ont un rôle dans la régulation des phénomènes météorologiques. Elles agissent un peu comme une éponge qui se gorge d’eau en période de forte humidité, la stocke (ce qui est très utile pour éviter les crues), puis la libère lors des périodes sèches. Pour toutes ces raisons, en France, la destruction de zones humides est très fortement encadrée. Elles sont délimitées et protégées. Mais nous dans notre vallée, c’est pas comme si ça nous concernait.
La particularité du terrain derrière la MJC est qu’il est humide de fait. Mais il n’est pas classé en tant que tel dans le PLU* de Villebon, ce qui le rend constructible. En général, on part du principe que ce sont les particuliers qui ont tendance à vouloir construire au mépris des milieux et que les collectivités vont, au contraire, plutôt défendre les milieux protégés.
Bon, ça, c’était le principal problème. Mais en plus d’être humide, le terrain est boisé. Il est prévu d’arracher 55 arbres. Arbres qui ont de multiples bienfaits pour l’environnement. Leurs racines empêchent l’érosion des sols. Ils captent le CO2 et relâchent de l’oxygène. Ils rafraîchissent l’air autour d’eux. Parfait pour la prochaine canicule !
Bien entendu, une compensation est prévue. Mais les compensations sont presque toujours insuffisantes et ne sont qu’une manière déguisée d’autoriser ce genre de destructions.
Enfin, l’emplacement choisi reste éloigné du centre, de la mairie et des commerces. Il est fortement en pente. La configuration des trottoirs et le trafic rendent compliqué un déplacement en centre-ville pour une personne en fauteuil.
Ok, mais ils proposent quoi, les râleuses ?
Ils veulent remettre sur la table une autre alternative vaguement envisagée : le site actuellement occupé par le Centre Technique Municipal (CTM). Cette solution n’avait pas été retenue car la mairie ne pouvait pas s’engager à libérer le CTM dans un délai raisonnable pour OVE. Si les opposants au projet admettent qu’en effet, il est impossible de reconstruire un nouveau CTM pour libérer l’actuel en respectant les délais d’OVE, ils affirment tout de même qu’un déménagement temporaire dans des constructions préfabriquées est possible. Ils insistent sur le fait que le terrain occupé par l’actuel CTM a de nombreuses qualités que n’a pas le terrain boisé derrière la MJC. Il est plus proche du centre-ville, plus accessible aux personnes en fauteuil et ne nécessite pas de coupes d’arbres ni l’urbanisation d’une zone humide.
L’équipe de la majorité municipale et OVE n’ont pas donné suite à nos demandes de RDV, donc difficile de savoir ce qu’il en est réellement de leur côté. A priori, et bien que certains des opposants au projet soient élu·e·s au conseil municipal, le problème est ignoré par la majorité. Il n’est vraisemblablement pas non plus dans l’intérêt d’OVE de changer une nouvelle fois de terrain, ce qui les obligerait à modifier encore une fois le projet et entraînerait des frais.
Dans ce cas de figure, pour empêcher la destruction de la zone humide, les opposants ont besoin d’appui de la part de la population. Pour cela, ils invitent les personnes qui souhaitent les soutenir à signer leur pétition(5) et à rejoindre leurs futurs événements. Ils sont également engagés dans des démarches administratives pour faire officiellement reconnaître la parcelle comme zone humide.
Odélie Sarrazin
Illustrations: Dop
(2) http://www.villebon-partageons-demain.fr
(3) http://www.zones-humides.org
(4) Arrêté du 24 juin 2008 : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000019151510/2021-04-27/
(5) Pétition adressée au président d’OVE : https://www.change.org/p/pr%C3%A9sident-ove-stop-a-la-betonnisation-de-villebon-yvette-6fd843af-1ddf-495c-8b85-a95f2da4707a
* PLU : Plan Local d’Urbanisme, règles du jeu de Lego de la ville. Ludiques et amusantes pour les élu⋅e⋅s de tout âge, elles peuvent heurter la sensibilité des habitant⋅e⋅s les plus concerné⋅e⋅s.